Dans une société où la réussite personnelle se mesure à la quantité des biens matériels et une quête d’ascension sociale permanente, le parcours de Johannes de Habsbourg interpelle. Descendant de la dynastie autrichienne des Habsbourg et promis à une carrière en banque d’affaires avant de devenir prêtre au sein de la communauté Eucharistein, son quotidien s’éloigne des valeurs consuméristes de la société occidentale actuelle.
Avec HERITIER, mes intentions visent, à travers le quotidien de ces religieux, à reposer un débat sur la filiation. Le film est une suite indirecte de BAISSE LA GARDE, mon précédent documentaire d’immersion, qui suivait un jeune sorti de prison, déraciné de son pays natal, en réinsertion socio-familiale avec l’aide de cette communauté chrétienne. Johannes était présent lors d’une scène et son appartenance à la longue lignée de la famille impériale d’Autriche était un bon contrepoint pour approfondir des questions de fond, sur un sujet récurrent qui me tient à coeur, les enjeux de la transmission, ses forces et ses limites.
Dans HERITIER, le regard que les protagonistes, majoritairement assez jeunes, posent sur la nature profonde de leur foi ainsi que sa pratique à travers leurs activités quotidiennes, permet de confronter de façon concrète notre rapport à la société de consommation, d’activisme et de performances, qui nous influencent dans tous les domaines et qui peuvent nous déraciner en amenant de grands vides existentiels. Les réflexions et le parcours de Johannes de Habsbourg nous interrogent sur une nécessité fondamentale, la reconnection à son indentité profonde, dans une construction commune qui fait sens, loin des sermons théoriques, mais dans des réalités concrètes. Derrière les cultes et partis pris sur les croyances des personnages, mon intention, durant chaque scène, est de reposer des débats de fond sur notre société.